Les ateliers d'écriture et l'estime de soi chez les garçons

C'est la tempête. Bien installée sur le sofa, j'ouvre les pochettes d'écriture de mes élèves. Cette fois-ci nous débutons les textes informatifs.

Je lis le texte de A. Cette semaine, il avait tellement de choses à dire. La boxe et les combats extrêmes sont des sports qui le passionnent. 3 pages de textes. Quelques croquis ici et là mais beaucoup de bandes de phrases ajoutées avec du papier adhésif. Ses informations sont détaillées. Super! A m'enseigne sur les règlements des combats ultimes, sur l'arène et sur l'équipement des joueurs. Il m'informe qu'il y eu une conférence de Presse entre Connor McGregor et Nate Diaz. Tout en lisant son texte, je me rends compte que je ne connais absolument rien sur ce sujet. A est vraiment un expert! C'est le premier élève qui s'intéresse à ce sport. Souvent, dans les textes informatifs, les élèves abordent plutôt des sujets tels que les chats, les chiens et le hockey. Voilà enfin quelque chose de rafraîchissant, me dis-je. A a piqué ma curiosité et je décide de jeter un coup d'oeil sur le site internet de l'UFC. WOW! Là je vois tout plein d'illustrations de joueurs et des mises à jour des combats. Il y aussi des statistiques sur les joueurs. A a trouvé un sujet vraiment passionnant!

Une fois la lecture terminée, je réfléchis. Si A n'avait pas eu la chance d'écrire sur un sujet de son choix, je n'aurais jamais su qu'il était expert dans ce domaine. Si A n'avait pas écrit son texte sur ce sujet, je ne le connaîtrais pas aussi bien en tant qu'élève de ma classe. Je sais maintenant ce qu'il aime et je peux utiliser cette passion pour l'amener plus loin. Surtout, je peux exploiter cet aspect pour l'aider à développer son plein potentiel. Sa passion est en fait la corde sensible avec laquelle je peux entrer en contact avec lui et créer un lien de confiance. C'est une arme de pédagogue. J'exploiterai donc ce sujet afin de le faire écrire davantage. A a des forces mais il ne le sait pas encore....

En effet, A est un garçon timide qui vit des difficultés d'apprentissage et il porte souvent des commentaires négatifs à son égard. Sa phrase fétiche est: "Je ne suis pas bon". Difficile d'entendre cela et difficile de faire changer cette perception qu'il  a de lui-même. Eh bien, je me dis que les ateliers d'écriture sont peut-être une partie de la solution. Pas toute la solution tout de même, mais il faut bien commencer par quelque chose non?

Je me dis que les ateliers d'écriture permettent à A d'écrire sur sa vie et sur ses intérêts. Quoi de mieux? Avions-nous cette chance à l'école primaire, quand nous étions petits? Pouvions-nous choisir nos sujets d'écriture? Pouvions-nous faire un livre sur un sujet qui nous passionne? La réponse est non. Dans mes souvenirs du primaire nous avions un sujet imposé et nous devions écrire une histoire ou rédiger un résumé de lecture ou encore écrire une lettre à notre correspondant.

Je pense que grâce aux ateliers d'écriture, A pourra écrire sur tous les sujets qui le passionnent et ce, tous les jours. Je pense que le fait d'avoir cette opportunité peut lui permettre de développer ses habiletés en écriture et d'augmenter sa confiance en lui. Plus il prendra de l'assurance, plus il écrira. Je le dis souvent à mes élèves: "C'est comme au hockey, plus on pratique, plus on est bon!" J'en suis convaincue! Grâce à l'approche des ateliers d'écriture, on travaille davantage les idées de l'auteur et ces informations sont mises en valeur. Il faut leur redonner la place qui leur revient. Oui, en écriture il y a les conventions linguistiques, mais il y aussi les idées! En ce sens, si les idées de A sont valorisées, SA passion est valorisée! Son sentiment de compétence pourra alors augmenter.

Je me dis que grâce à cette approche, A aura enfin la fierté d'avoir accompli quelque chose de bon, enfin. C'est peut-être grâce aux ateliers d'écriture qu'il aura le goût de venir à l'école car il sera motivé à écrire sur sa vie, ses intérêts, ses passions.

Finalement, lorsque A aura publié son livre, il le présentera à la "Célébration des auteurs". Lors de cet événement, il communiquera ce qu'il sait aux autres, il répondra aux questions et ainsi, il montrera à son public tout ce qu'il sait faire. Ce sera alors l'occasion pour nous, enseignants, de valoriser ses efforts. Et j'espère qu'il pourra enfin dire sinon le penser: "Je suis bon".




Commentaires

  1. Se sentir compétant dans un domaine pour développer son estime. Vraiment intéressant!!!! Bravo d’oser!!!!

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